Le robot empathique : éternel espoir ou future réalité ?
Arguer que les avancées technologiques n’ont jamais été aussi effrénées est un euphémisme cinglant, à tel point que l’obsolescence, lasse de ronger nos vieux tubes cathodiques et autres objets anachroniques, s’en prend sans pitié aucune à votre Smartphone fièrement acquis il y a un an, à votre PC pourtant dernier cri et même à cet anti-virus sous licence que vous avez payé le prix fort… Rivalisant d’ingéniosité et en perpétuelle compétition avec leurs dernières créations, les génies de l’électronique ne cessent de bouleverser notre quotidien. Tout a été fait, ou presque. Industriels et scientifiques travaillent depuis deux décennies à doter nos gadgets de « convivialité artificielle ». Malgré des annonces tonitruantes et des promesses grandiloquentes, le monde attend toujours LE robot-compagnon…
Intelligence artificielle : en attendant le robot empathique
Sous une intensité concurrentielle inconcevable il y a à peine une demi-douzaine d’années, des centaines de départements « Recherche & Développement » de par le monde tentent de déchiffrer le code numérique de l’empathie, de la joie et de la peine. L’histoire contemporaine a démontré que la pression commerciale est la meilleure amie de la créativité. Devant le déséquilibre chronique entre l’offre et la demande en robots, ces derniers ont vu leurs prix chuter et leur volume de vente décoller, ce qui permettra vraisemblablement aux concepteurs d’affiner leurs créations grâce aux retours des consommateurs. Si certains spécialistes ne cachent pas leur scepticisme, et n’hésitent pas à évoquer un « vieux rêve popularisé par la science-fiction » comme Luc Steels, professeur d’intelligence artificielle à l’Université de Barcelone, d’autres affichent un optimisme prometteur, à l’image de Laurence Devilliers, chercheur au Limsi et professeur d’informatique à la Sorbonne, qui affirme qu’un nouveau système informatique permettant aux robots « d’adapter leurs comportements aux mimiques faciales » de leurs interlocuteurs a été mis au point.
De l’autre côté du miroir
Si l’aptitude de la communauté scientifique à doté les robots d’émotions humaines divise, un débat houleux s’est déjà instauré parmi les psychologues. Selon Laurence Devilliers, «l’imitation du vivant peut amener, volontairement ou pas, à prêter aux machines des caractéristiques humaines indésirables ».
De son côté, Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, s’inquiète des « bouleversements psychiques » que peut causer l’attachement à un gadget qui semble animé d’une forme de vie, citant l’exemple de certains soldats américains qui ont risqué leur vie pour des robots démineurs. Quoi qu’il en soit, et si l’on croit le papier rédigé par Jacques Henno des « Echos », écoles, hôpitaux, administrations publiques et maisons de retraite feraient les beaux jours de celui qui commercialisera le premier robot véritablement empathique.
Crédit photo : ytimg
